Du 6 avril au 6 mai, Chloé Garcia Dorrey nous invite à découvrir son exposition "Derrière les boucliers", monographie de photos prises lors des manifestations colombiennes de 2021 ("paro colombien"). Le vernissage, ouvert à tous, se tiendra le 5 avril, à 18h.
Derrière les boucliers - Chloé Garcia Dorrey - Chloé Garcia DorreyDerrière les boucliers
Le 28 avril 2021, les Colombien·ne·s sortent dans la rue pour manifester contre la réforme tributaire qui prévoit une augmentation de la TVA sur de nombreux biens et services publics alors que 42 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les revendications s’étendent au-delà de la réforme: un système socio-économique inégalitaire et corrompu ainsi qu’une violence étatique alimentée par l’uribismo. Il s’agit d’une référence à l’ancien président Álvaro Uribe, fondateur du Centre démocratique, parti actuellement au pouvoir avec Iván Duque. Au milieu de ces mobilisations, des manifestants s’équipent de masques à gaz, lunettes de protections et de boucliers. Nommés las Primeras lineas, ils se placent au-devant des manifestations à l’image des « black blocks » ou des « cortèges de tête ». La répression étatique est telle que l’ONG Temblores enregistre 4852 cas de violences policières et 80 morts. Las Primeras lineas s’organisent en mouvement et laissent maison, familles et proches pour vivre dans un campement, la « resistencia », comme ils l’appellent. Je rencontre l’un d’eux au Portal las Américas renommé Portal Resistencia, centre des contestations basé à Kennedy, l’un des quartiers les plus précaires de la capitale. Je rejoins ainsi leur campement et y passe un mois et demi, quand Claudia Lopez, la maire de Bogotá, militarise la ville et que le gouvernement qualifie ce mouvement de terroriste. Je partage leur quotidien entre expulsions, persécutions avec drones et hélicoptères, blessures physiques et psychologiques, mais aussi celui de l’espoir et de la solidarité. Au coin d’une olla (soupe populaire), d’un feu de camp pendant les nuits fraîches de Bogotá, dans la file pour récupérer nos repas, en déchargeant les tentes, après une ronde pour contrôler si l’Escuadrón Móvil Antidisturbios (ESMAD) est présent autour du camp, je recueille leurs témoignages. Ils sont hantés par la violence dans laquelle ils ont grandi, rythmée par un conflit armé dont les Accords de paix signés en 2016 sont sabotés par le président actuel. Plusieurs membres des Primeras lineas sont actuellement derrière les barreaux dans l’attente d’un procès.
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