Publié le 6 août 2019 Mis à jour le 27 août 2019

Jean-Marc Bonnisseau, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a été élu le 28 juin 2016 à la présidence de l’Établissement public. À l’occasion de cette rentrée, il revient sur les grandes étapes qui attendent le Campus aussi bien sur le site d’Aubervilliers que celui de la Chapelle, avec comme priorité de « donner [au Campus] sa cohérence et sa pleine dimension, à la hauteur des ambitions scientifiques des établissements fondateurs. »

Vous avez pris en juillet les rênes de l’Établissement public Campus Condorcet. Quelles sont vos priorités pour ce mandat de cinq ans ?

Jean-Marc Bonnisseau

Les cinq années de ce mandat vont être celles de la réalisation des opérations immobilières déjà programmées à Paris et à Aubervilliers, qui constituent une première étape décisive dans la mise à disposition des infrastructures de recherche pour les chercheurs et les étudiants sur ce campus international. Mais nous travaillons aussi au démarrage de la deuxième tranche des travaux pour permettre l’achèvement de cette « Cité des humanités et des sciences sociales », afin de lui donner sa cohérence et sa pleine dimension, à la hauteur des ambitions scientifiques des établissements fondateurs, en concertation avec les pouvoirs publics qui financent cette réalisation unique en France, et probablement en Europe. Aussi, mes priorités se déduisent naturellement de cet agenda.


Tout d’abord, réussir la mise en œuvre des opérations en cours, en veillant au jour le jour à la réalisation des opérations immobilières suivant le calendrier prévu. La même attention sera portée à la préparation de la vie scientifique, sociale et culturelle sur le Campus, en initiant des actions concrètes avant même son ouverture, en synergie avec les établissements fondateurs et les acteurs locaux.


Ensuite, obtenir des pouvoirs publics les arbitrages et les financements pour la réalisation complète du Campus suivant le projet initial.


Enfin, créer le nouvel Établissement public qui pourra porter dans la durée le Campus, grâce aux moyens humains et financiers qui lui seront dévolus.

« Les cinq années de ce mandat vont être celles de la réalisation des opérations immobilières ».

Le Campus Condorcet a lancé en juillet le concours de maîtrise d’œuvre pour le site de La Chapelle. Comment envisagez-vous sa mise en œuvre ?

Le site de La Chapelle accueillera un bâtiment dédié à l’accueil de formations de 1er cycle et de master professionnel de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Sa construction est une réalisation fondamentale pour l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, car elle est dramatiquement sous-dotée en surface d’enseignement et de recherche. De plus, ce site permettra de rapprocher les enseignements de premier cycle en sciences humaines du Campus de recherche à Aubervilliers, concrétisant ainsi cette caractéristique fondamentale de l’enseignement universitaire, à savoir l’adossement à la recherche.


Le processus est maintenant engagé, en parfaite coordination avec l’État, la Région et la Ville qui financent conjointement cette réalisation. Nous avons reçu, le 2 septembre dernier, environ 130 candidatures au concours de maîtrise d’œuvre lancée en juillet. Un premier jury permettra bientôt de désigner les quatre équipes invitées à soumettre un projet. A l’issue d’une deuxième phase d’analyse des propositions, le lauréat sera désigné par le jury au printemps 2017, pour un démarrage des travaux au premier semestre 2018, et une mise à disposition pour la rentrée universitaire de septembre 2021.


La Ville de Paris a récemment annoncé qu’elle utilisera le terrain dédié au Campus, dans la période intercalaire, pour mieux accueillir dans l’urgence les migrants qui affluent dans la capitale et les réorienter vers des hébergements pérennes, une mission que nous ne pouvons que soutenir. Toutefois, cela ne change rien au calendrier. La Ville s’est engagée, devant le Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur la mise à disposition des terrains, afin que les travaux débutent, comme convenu, en 2018, cet engagement étant formalisé dans la convention foncière en cours de finalisation entre l’État et la Ville.

Nous sommes aujourd'hui à trois ans de l'ouverture du site d'Aubervilliers. Quels sont les grands chantiers qui attendent le Campus ?

Sur le site d’Aubervilliers, les affaires suivent leur cours selon le planning initial et sous l’œil vigilant de tous les collaborateurs du Campus. Sérendicité, le groupement titulaire du contrat de partenariat public privé, débutera les travaux au 1er semestre 2017. De même, la Région Île-de-France lancera, l’année prochaine, le chantier du Grand équipement documentaire, imaginé par l’agence Elizabeth de Portzamparc. Les travaux relatifs au bâtiment de l’EHESS, confié à Pierre-Louis Faloci, suivent le même processus avec quelques semaines de décalage. De son côté, Plaine Commune est en train de désigner l’entreprise qui réalisera le réaménagement des abords du Campus. Tout ceci permettra une ouverture de l’ensemble du Campus en 2019.


En parallèle aux opérations immobilières, le Campus a lancé, l’an dernier, un autre chantier d’importance en vue de préparer l’arrivée sur le site d’Aubervilliers de quelques 12.000 personnes (chercheurs, enseignants-chercheurs, personnels administratifs et de soutien à la recherche, doctorants, étudiants) à partir de 2019 : la démarche d’accompagnement au changement. Après le diagnostic de l’opinion interne, qui a révélé une large adhésion des communautés au projet de Campus, l’Établissement public s’attelle à la question centrale du statut de ses futurs personnels, au premier rang desquels ceux qui viendront travailler pour le Grand équipement documentaire. Cette question est très fortement liée à la nature et au statut du nouvel Établissement public qui doit être créé avant la fin 2018. Nous insistons actuellement fortement auprès de nos tutelles pour que le processus législatif nécessaire soit mis en œuvre sans tarder, car il conditionne la suite et la réussite de cette démarche d’accompagnement au changement pour tous les personnels.


Notre troisième chantier est de faire en sorte que dès 2019, le Campus apporte aux équipes de recherche une valeur ajoutée à la hauteur des attentes, à travers les équipements mutualisés comme le Grand équipement documentaire, le centre de colloques, l’hôtel à projets, la maison des chercheurs, les résidences étudiantes et le pôle médico-social. Si les questions documentaires sont déjà travaillées en profondeur depuis plusieurs années avec une équipe constituée au sein de l’Établissement, nous devons maintenant nous attacher aux autres composantes de la vie scientifique et sociale, et nous ressentons la nécessité de missionner dès à présent une personne sur ces questions, où beaucoup de choses restent à inventer.


Pour mieux comprendre les enjeux du Campus, l’avancement des projets, les ambitions scientifiques, vous êtes d’ores et déjà invités à venir découvrir la « Cité des humanités et des sciences sociales » les 17 et 18 novembre prochains, au siège de l’établissement. Ces journées seront l’occasion de réunir les architectes, les équipes de conception, les futurs usagers et les riverains. Enfin, pour avoir une première approche des recherches qui seront menées sur le Campus, des interactions avec le débat public et l’aide à la décision politique, vous êtes aussi conviés aux Conférences Campus Condorcet, organisées en partenariat avec la mairie d’Aubervilliers, qui débutent le 19 septembre sur le thème Mobilité et migrations dans le monde et l’histoire.