Publié le 26 janvier 2023 Mis à jour le 30 janvier 2023

Cet atelier est organisé dans le cadre du cycle Acazine.

Date(s)

le 13 février 2023

de 15h à 17h

Mais les fanzines, ce ne seraient pas juste des blogs version papier ?, se demande, avec une pointe d’ironie, Chip Rowe qui a signé le Book of Zines en 1997.

Et c’est vrai que les points de convergence entre nos zines qui circulent de mains en mains et les blogs qui ont fleuri sur la Toile sont nombreux : l’expression d’un message direct, sans passer par un quelconque intermédiaire éditorial ou institutionnel, la publication simple et immédiate, pourvu que l’on ait appris quelques rudiments de bricolage à base de colle, de ciseaux ou d’électronique, la pas-sion qui anime les auteurs, qui souvent ne tirent pas le moindre écu de leur plume, puis la liberté de ton et de thème, avec son merveilleux corollaire : l’infinie diversité de sujets, de formes et de styles qu’explorent ces deux objets. C’est sans compter la philosophie qui a pu animer les premiers âges d’Internet, bien avant l’empire des réseaux sociaux et la domination sans échappatoire des GAFAM : ces âges pionniers des années 1970 et 1980 où, comme le montre Fred Turner dans Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture : Steward Brand, un homme d’influence, les réseaux en ligne étaient portés par une aspiration libertaire héritière de l’univers du rock, des communautés hippies et de l’augmentation de soi par les psychédéliques. Il fut un temps où l’on aurait bien pu croire qu’Internet serait le neveu de l’esprit do-it-yourself que les fanzines avaient insufflé dès les années 1930.

Et pourtant ! C’est par la négative que Chip Rowe répond à sa question. Non, les zines n’ont rien à voir avec des blogs, pour la raison essentielle qu’ils « existent et encombrent un espace IRL » (in real life, donc), et que l’on « ne peut pas relier un blog avec du Scotch ou des agrafes, [ni] davantage relier un zine avec du CSS ou du html ». D’ailleurs, si la communauté des zineurs a pu investir les écrans avec la vogue des e-zines dans les années 1980 et 1990, c’est pour ensuite s’en détacher, jusqu’à en arriver aujourd’hui à un engouement inespéré pour les fanzines papier, avec leur épaisseur de pages, d’encres, d’approximations, de grains et de hasards, à l’heure pourtant de la dématérialisa-tion généralisée. Il en va des fanzines comme des vinyles : tout se passe comme si la menace des pixels les faisait revivre.

Cette séance du séminaire ACAZINE entend plonger dans les aspérités complexes de la relation faite d’amour et de haine entre les fanzines et le monde numérique. Après l’intervention d’Izabeau Legendre qui posera le cadre théorique et les jalons historiques du lien houleux entre fanzines et nu-mérique, on explorera des exemples créatifs de leurs modes d’interaction. Des fanzines papiers inspi-rés par les réseaux sociaux – avec Elisabetta Cunegatti – jusqu’aux fablabs qui mettent les technolo-gies au service de l’autoédition – avec Marie Daubert –, les formes de rencontre entre le fanzinat et l’électronique se réinventent sur la scène contemporaine.

Intervenantes :

  • Izabeau Legendre
  • Elisabetta Cunegatti
  • Marie Daubert
Coordination :
  • Ariane Mayer

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