Publié le 6 septembre 2022 Mis à jour le 6 septembre 2022

Accueillie en résidence à l’Espace associatif et culturel du Campus Condorcet en juin-juillet puis en décembre 2021, Feijoada est une oeuvre chorégraphique de Calixto Neto.

Feijoada - Oeuvre choré-grastronomique - Calixto Neto & Guest
Feijoada - Oeuvre choré-grastronomique - Calixto Neto & Guest - ©Raoul Gilbert Feijoada

Dans le cadre du colloque “Miroirs de l’autre rive. Circulations et regards croisés Amérique Latine / Caraïbes et Afrique.” (IMAF / CREDA, décembre 2021), Calixto Neto et son équipe artistique ont partagé le processus de création de la pièce. Une soirée chorégraphique, musicale et gastronomique a clôturé le colloque.

Note d'intention

Pour parler de Feijoada, il faut remonter à 2004, l’année où le spectacle "O Samba do Crioulo Doido" est créé par le chorégraphe et danseur brésilien Luiz de Abreu. Sur scène, on voit un homme noir, presque nu, habillé avec une paire de bottes à haut talons. Il danse, défile, montre son corps comme dans un marché. Une énorme toile dont le motif est une composition de drapeaux du Brésil fait le décor de la pièce. Dans "O Samba", l’histoire du Brésil est problematisée à partir du regard d’un homme noir. Il met en question la façon dont l’histoire regarde son corps, il montre comment ce regard a inscrit son corps dans l’histoire, il regarde le publique en train de regarder son corps, objet de toute sorte de projection et “exotisme”. Le spectacle devient tout de suite une pièce phare dans l’histoire de la danse brésilienne.

En 2020, à l’occasion du Festival Panorama au Centre National de la Danse, la pièce est reprise. Et pour cela, on m’a invité à être l’interprète. "O Samba do Crioulo Doido" m’a été transmise par Luiz de Abreu lui-même, dans un intense et puissant processus de transmission qui s’est passé entre Salvador, Brésil et Pantin, France.

En 2021, la chorégraphe Lia Rodrigues, avec qui j’ai travaillé pendant six ans a eu un portrait dédié à son travail dans le Festival d’Automne à Paris. Pour ce portrait, au-delà de montrer son propre travail, Lia a décidé d’inviter des artistes - moi compris - qui dialoguent avec son univers pour composer une assemblée d’artistes autour d’elle.

Feijoada est donc un projet qui répond à un double appel. D’un côté le besoin artistique de rebondir sur une puissante expérience de travail: le processus de transmission de la pièce "O Samba do Crioulo Doido". Et de l’autre côté, l’appel à la participation au portrait de Lia Rodrigues dans le Festival d’Automne à Paris 2021.

Il faut aussi dire que dans "O Samba", il y une scène où je danse une chanson en rythme de bossa nova dont les paroles sont la recette d’une feijoada chantée en français.

Depuis le départ, je savais que dans la structure de Feijoada le verbe aurait une place prépondérante, j’avais besoin de parler, de poser des questions. J’ai invité Ana Laura Nascimento à m'accompagner dans ce travail d’écriture. La résidence au Campus Condorcet nous a permis de lancer les toutes premières pistes du travail d’écriture des textes qui composent la pièce, et du déroulée de la soirée.

Dans Feijoada, on a trois éléments qui font les piliers de la pièce. Une roda de samba qui joue des chansons qui font partie de notre mémoire affective, assurée par la direction musicale de Yure Romão. Une personne qui prépare une feijoada en temps réel. Et des textes et danses qui racontent ou questionnent l’origine de la feijoada, demandent qui peut parler ou inventer des symboles nationaux. On parle de déplacement, de saudade, de l’actualité politique brésilienne, on parle d'amour. La performance dure deux heures et demi.

Feijoada a eu sa première le 12 septembre à Metz. Ensuite, on a donné une restitution du processus dans le colloque "Miroirs de l’autre rive", au Campus Condorcet, le 11 décembre 2021. Et le 12 décembre au 104, Paris.

En 2022-23, la pièce poursuit sa tournée, avec des présentations prévues à Bruxelles, Courtrai et Helsinki.

Calixto Neto.