Récemment classés et inventoriés par les soins de Thomas Antonelli, étudiant en master archivistique à l’Université Paris 13 et stagiaire au Campus Condorcet, les papiers de l’éminent latiniste Jacques André (1910-1994) sont désormais disponibles à la consultation au service des archives de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE).
Le Grand équipement documentaire mettra à la disposition de ses lecteurs les archives des laboratoires et chercheurs des établissements membres du Campus Condorcet. D’importants efforts sont déployés, avec l’appui du Campus Condorcet, pour rendre accessibles ces fonds et leur donner une visibilité en ligne, dès aujourd’hui.
Confiées à l’EPHE par sa fille Jacqueline André, les archives de Jacques André sont entrées dans les collections de la Bibliothèque Michel Fleury à la fin des années 1990 avec sa bibliothèque personnelle.
Né en 1910 dans une famille d’instituteurs, Jacques André fait ses études secondaires à Bourg-en-Bresse, puis ses études supérieures à Lyon où il se forme au contact d’Albert Yon et de Jules Humbert.
Agrégé de grammaire en 1933, élu à la Faculté des lettres d’Aix-en-Provence en 1947, il soutient l’année suivante ses thèses sur L’étude des termes de couleur dans la langue latine et sur La vie et l’œuvre d’Asinius Pollion sous la direction de Jules Marouzeau. Élu à la IVe section de l’EPHE, il devient en 1954 directeur d’études en philologie latine aux côtés de Pierre Courcelle. Membre actif de l’association Guillaume Budé, il dirige de 1964 à 1978 la série latine de la Collection des Universités de France publiée par Les Belles Lettres. Président de la Société des études latines en 1965, il est également directeur de la Revue de philologie de 1966 à 1980. Son œuvre, abondante, continuera de s’enrichir après son départ en retraite en 1978, et jusqu’à son décès survenu en 1994.
Recherches, publications et édition
Représentant, à l’évidence, une fraction de la documentation produite et rassemblée par Jacques André de son vivant, les papiers reçus par l’EPHE concernent principalement les activités de recherche et de publication qu’il eut durant sa retraite, laquelle fut remarquablement féconde.
Ses dossiers éclairent ainsi le travail long et patient de documentation et d’analyse préalable à l’édition de quatre des nombreux Budé que Jacques André compte à son actif : les Pontiques d’Ovide (1977), Histoire naturelle de Pline, livre VI-2 et livre XXXVI (1980) et le Traité de Physiognomonie (1980). Mêlant références bibliographiques, notes de lecture, documentation annotée, cahiers et notes de travail, ces dossiers renferment également des reproductions photographiques de manuscrits que le philologue exploita pour ses travaux. D’autres de ses notes, à mettre peut-être en relation avec un projet d’édition inabouti, se rapportent au siège de Paris par les Normands d’Abbon de Saint-Germain-des-Prés.
Le fonds renferme aussi les versions préparatoires ou définitives remises aux éditeurs de plusieurs de ses publications : tapuscrit de ses additions et corrections à la 4e édition du Dictionnaire étymologique de la langue latine d’Alfred Ernout, avec qui Jacques André travailla étroitement pendant une vingtaine d’années ; textes définitifs et épreuves de contributions et d’articles qu’il composa à la toute fin de sa carrière dans les années 90 et parmi lesquels se trouvent de possibles inédits.
À travers une série très complète de contrats d’édition, de comptes des ventes et détails des droits d’auteur, qui en l’occurrence couvre toute la carrière du savant depuis 1955, les archives documentent ses relations avec différents éditeurs, Les Belles Lettres bien sûr, mais aussi Klincksieck, ou les Presses universitaires de France.
En écho à cette série, des revues de presse et de la correspondance témoignent de la réception critique de ses œuvres, notamment L’alimentation et la cuisine à Rome (1961), Être médecin à Rome (1987) et Le vocabulaire latin de l’anatomie (1991). Les lettres adressées à Jacques André en remerciement de l’envoi d’ouvrages permettent de reconstituer, en partie, le réseau de ses collaborateurs, aussi bien des pairs que des experts, des médecins notamment, que sa spécialisation dans le latin technique l’amena à approcher.
En attendant de rejoindre la bibliothèque du Campus Condorcet, le fonds Jacques André est actuellement conservé au service des archives de l’EPHE. Il y est consultable sur rendez-vous : archives(chez)ephe.psl.eu
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