Publié le 6 août 2019 Mis à jour le 27 août 2019

À l'occasion de la signature du contrat de partenariat, pour Jean-Claude Waquet, président de l’établissement public Campus Condorcet, réaffirme les ambitions du campus et son rôle dans le développement des sciences humaines et sociales : « Le campus représente le plus gros effort jamais consenti par l'État et les collectivités en faveur des doctorants des sciences de l'homme et de la société ».

Quelle est la portée du Campus Condorcet pour les sciences humaines et pour les territoires ?

Jean-Claude Waquet, président de l'EP Campus Condorcet

Jean-Claude Waquet, président du Campus Condorcet, le 17 décembre 2014 à Aubervilliers.

Aux sciences humaines le Campus Condorcet apporte, sous la forme d’une plateforme équipée et outillée, un nouvel outil grâce auquel les communautés scientifiques pourront développer plus facilement leurs programmes de recherche, leurs écoles doctorales et leurs échanges internationaux. En termes de visibilité, le campus bénéficiera de l’excellence reconnue de la recherche française en sciences humaines et sociales : en retour, il lui apportera les moyens d’une plus grande attractivité et d’un plus grand rayonnement. Aux étudiants, de la licence au doctorat, il offrira de meilleures conditions de travail, aussi bien sur son site parisien de la Chapelle que sur son site d’Aubervilliers. Le campus représente, en particulier, le plus gros effort jamais consenti par l’État et les collectivités en faveur des doctorants inscrits dans les cursus de sciences de l’homme et de la société.


Le Campus Condorcet est pleinement associé au développement et aux mutations des territoires dans lesquels il prend place. Nouvel espace de savoir et d’innovation placé à la charnière de la capitale et de la petite couronne, il fait le lien entre les implantations historiques du centre de Paris et les nombreux sites universitaires déjà présents en Seine-Saint-Denis. Porte de la Chapelle, il s’intègre dans le projet Paris Nord Est. À Aubervilliers il constitue l’une des zones d’intensité du Territoire de la Culture et de la Création. Campus urbain, conçu et réalisé en même temps que les nouveaux quartiers qui l’environnent, il naît sous le signe d’une interaction réussie avec la ville, dans le renouveau de laquelle il s’inscrit naturellement.

Peut-on dire que le Campus Condorcet vient à son heure, et fait sens par rapport à l’évolution actuelle des sciences humaines et sociales et de leur place dans la société ?

Guerres, migrations, emploi, réseaux sociaux, droits humains, maintien du lien social : les conflits et les mutations du monde rendent plus que jamais nécessaire l’expertise des sciences et humaines et sociales, leur capacité d’analyse et leur regard critique. Il existe, en d’autres termes, une actualité de ces sciences et leur apport à une intelligence distanciée du monde comme à une prise de décision éclairée est sans doute plus largement perçu aujourd’hui qu’en d’autres temps, aussi bien par le simple citoyen que par les acteurs politiques. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant qu’un projet structurant pour les sciences humaines et sociales, tel que le Campus Condorcet, ait bénéficié depuis l’origine d’un soutien jamais démenti de la part de l’État et des collectivités territoriales – et de la part de tous les responsables politiques.


Si le campus vient à son heure, c’est aussi parce qu’il accompagne plusieurs mutations intéressant, de façon générale, les sciences humaines et sociales. Alors que la recherche devient, toujours plus, une recherche sur programmes, largement internationalisée, il met à la disposition des chercheurs une infrastructure sur laquelle s’appuyer pour répondre avec de meilleures chances de succès aux appels d’offres européens et internationaux. À l’heure où les humanités numériques se développent et modifient les pratiques des communautés scientifiques, il place en son centre un Grand équipement documentaire qui mettra l’innovation dans les services au centre de son offre. Alors que les problématiques transversales, portant sur les grands enjeux sociétaux tels que le développement durable, la transition énergétique ou les nouveaux usages numériques, occupent une place toujours plus importante dans la recherche et dans le débat public, le Campus Condorcet se donne, à travers son hôtel à projets, les moyens d’accueillir des programmes transdisciplinaires faisant oeuvrer ensemble les sciences humaines et sociales et les autres sciences. Enfin, au moment où la revalorisation et l’employabilité du doctorat sont à l’ordre du jour, il place le doctorant au centre du dispositif. Ainsi, le campus contribue à apporter une réponse aux enjeux qui, à l’heure actuelle, questionnent les sciences humaines et sociales et conditionnent leur développement ainsi que l’avenir de ceux qui les pratiquent.

Dans quelle mesure l’année 2016 est-elle une année charnière pour le campus ?

Lorsqu’en 2008 le campus est né, il tenait en une idée et une ambition : celle de réaliser, au nord de Paris, une nouvelle Cité des humanités et des sciences sociales. Ensuite, le campus est devenu un projet, porté avec détermination par ses fondateurs et soutenu sans faille par les pouvoirs publics : c’est ainsi qu’il a été possible de réunir des financements, concevoir et faire accepter des programmes, acquérir des terrains, lancer des concours, engager des procédures contractuelles. À cet égard, le protocole signé en 2014 entre toutes les parties prenantes – État, collectivités territoriales et établissement public Campus Condorcet –, a marqué un jalon essentiel pour l’avenir du campus et il en est allé de même, un an plus tard, avec l’arbitrage rendu par le Premier ministre au sujet du lancement de sa première phase.


Mais aujourd’hui, en 2016, le campus prend un nouveau tournant, dans lequel il s’était déjà engagé en 2014 avec l’achèvement du concours relatif au Grand équipement documentaire et l’attribution de la réalisation de ce bâtiment aux agences Elizabeth et Christian de Portzamparc : ce tournant est celui de la réalisation concrète, qui résulte de la signature du contrat de partenariat et, dans quelques semaines, de la fin du concours organisé par la région pour le bâtiment de l’EHESS. Encore quelques jours, et nous disposerons de la maquette du site d’Aubervilliers, tel qu’il se présentera mi-2019, à l’ouverture du campus. 2016 donne donc le signal du grand démarrage. Il le donne d’autant plus que c’est aussi cette année que va être lancé le concours relatif au site de la Porte de la Chapelle, en vue d’une livraison qui suivra de peu celle du site d’Aubervilliers.