Publié le 3 novembre 2025 Mis à jour le 3 novembre 2025

Un parcours en huit films reliés par deux questions imbriquées l’une dans l’autre : Qu’est-ce que « résister » ? Comment le cinéma résiste-t-il ? Ces questions seront creusées, développées et élargies à mesure des séances de projection et des entretiens-débats qui les suivront.

Huit films, aussi bien des fictions que des documentaires, issus de six pays, du Sénégal au Lesotho en passant par l’Algérie, le Maroc, la Côte d’Ivoire et l’Égypte, transcendant les frontières entre Afrique subsaharienne ou Afrique noire et Maghreb, entre pays francophones et anglophones, et couvrant un demi-siècle de cinéma, de 1973 à 2024.

Au cœur de cette nouvelle édition, des manières de faire du cinéma qui incarnent un certain art de la résistance. Une pratique de la résistance conçue non pas comme réaction, riposte, miroir inversé de la domination (postcoloniale, politique, économique ou patriarcale) dans lequel le sujet dominé se voit dans le regard du dominant et reste finalement prisonnier de ce regard en devenant son reflet oppositionnel, mais plutôt comme un pas de côté, en rupture avec qui est reconnu comme "normal" et voulu comme conformité. Ce pas de côté va plus loin que la réaction car son propos dépasse le constat et l’indignation face aux injustices vécues : il sort du champ de forces de la domination en travaillant le rapport entre sens (domaine du sensible) et sens (construction de la signification).

Cet art de la résistance s’attaque aux problèmes de la représentation et de la relation avec ce qui est représenté, c’est-à-dire aux moyens par lesquels la représentation est traitée et parvient à incarner cette relation, pour remettre en question ce qu’il est possible de percevoir et de penser. En renouvelant les articulations du sensible et du pensable, le cinéma ne cherche pas à donner des leçons mais plutôt à désaxer le regard du spectateur et à soulever des questions : comment voir et penser autrement ? Comment être autrement ?

La résistance ne se situe pas seulement sur le plan des sujets traités mais aussi, et surtout, sur celui des choix esthétiques et de mise en scène mis en œuvre pour représenter ces sujets et sur le plan des solutions élaborées pour faire avec des moyens financiers limités. En ce sens, les films de la nouvelle saison des Ciné-dialogues Afrique cherchent de différentes manières à faire le "véritable saut" – dont parle Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs – qui "consiste à introduire l’invention dans l’existence".