Ce séminaire inter-universitaire est organisée par l'université Sorbonne Paris Nord et l'université de Lille.
le 14 juin 2024
Bâtiment de recherche Sud
avec la participation de Bruno Hubert, Université de Lille, laboratoire CIREL & Maria Pagoni, Université de Lille, laboratoire CIREL.
9h30 – Accueil
10H – 11h15 - L'éducation populaire et les Scouts et Guides de France : une histoire commune, entrelacée et ancrée dans le temps - Alix Badaire
Les Scouts et Guides de France (SGDF) forment le mouvement de scoutisme le plus important en France avec 97 000 adhérents sur l'année 2022(contre 37 000 pour les Guides et Scouts d'Europe, deuxième mouvement le plus important). Dès son origine en France et encore aujourd’hui, les fondements idéologiques des Scouts et Guide de France s’ancrent dans les principes et les valeurs de l’éducation populaire ; et ce, même si, comme le soulignent Ducomte, Martin et Roman (2013), la définition de l’éducation populaire est « incertaine ». Ce courant peut cependant se traduire par une pratique éducative toute personnelle en menant des actions en faveur de conscientisation, d'émancipation et de développement du pouvoir d’agir et de transformations sociales. L’éducation populaire représente une éducation à l'humanisme et à la
démocratie (Bonnefon, 2016).
Ma proposition consiste à revenir dans un premier temps, à travers un travail de consultation et de recension d'archives internes sur la création du scoutisme et plus particulièrement des Scouts et Guides de France. Nous cherchons d’une part à comprendre à partir des pratiques pédagogiques que ce mouvement a promu « sur quoi » il s’est historiquement basé pour se déclarer mouvement d'éducation populaire ; et d’autre part, à apporter par un travail d’actualisation des pratiques scoutistes un nouveau regard à l’aune de ses évolutions pédagogiques et philosophiques au courant du XXIème siècle. L’enjeu est ici d’essayer de comprendre « en quoi » et « pourquoi » les SGDF se revendiquent encore aujourd’hui d’une configuration singulière de l’éducation populaire.
Discutante Françoise Rose, Cirel Proféor, Université de Lille.
11h15 – 12h30 - Vers des recherches participatives radicales ? Penser et expérimenter autrement les rôles et postures de recherche au sein de l’Espace collaboratif « Croiser les savoirs avec tou.te.s » - Charlotte Grégoski
« Comment, à quelles conditions et dans quelle visée est-il possible de croiser les savoirs académiques, professionnels et d’expériences ? ». Telle est la question à laquelle ont essayé de répondre une cinquantaine de personnes -des universitaires, des professionnelles du social et des personnes ayant une expérience de la pauvreté- entre 2018 et 2022, dans le cadre d’un projet de recherche intitulé « l’Espace collaboratif « Croiser les savoirs avec tou.te.s » » (ATD Quart Monde/Cnam/CNRS). Lauréat du Prix de la recherche participative INRAE 2023, ce dernier s’inscrit dans le champ des recherches participatives radicales (Godrie, Juan et Carrel 2022). À partir des principaux résultats de ce projet de recherche (Espace Collaboratif 2023) et d’une participation-observante (Caratini 2004) en tant que chercheuse, cette communication vise à discuter de ce qu’implique, dans la pratique et en termes de rôles/postures, de participer, en tant que chercheur.se universitaire, à un tel projet de recherche.
Discutant Sébastien Grossemy, Cirel Proféor, Université de Lille.
12h30 – 14h00 Pause déjeuner
14h00 – 15H15 – « Sentir-penser » le sujet, l’intervention sociale et les territoires solidaires en Colombie à travers du récit de soi - Renée TOBOS
Dans cette communication, nous commencerons par explorer le concept de "sentipensamiento" qui symbolise un changement de paradigme incitant à réorienter le regard professionnel dans les sciences et ses implications éducatives. (Cándida Moraes & de La Torre, 2002 ; Ortiz Ocaña,
2016). Cette approche synthétise la recherche participative en incarnant un langage révélateur de la vérité, fusionnant raison et amour dans le but de restaurer l'harmonie. (Fals Borda, 2015 ; Galeano, 2004). Ce concept est largement adopté dans les sciences sociales aujourd'hui, en particulier dans le Cône Sud-américain, car il guide la construction des connaissances en intégrant à la fois la raison et l'émotion. Dans un deuxième temps, en se basant sur ce concept comme référence, nous analyserons les récits des intervenants sociaux afin d'observer comment se tissent ensemble le territoire, la communauté et l’expérience mettant ainsi en lumière le lien entre pouvoir subjectif et construction des mondes (Escobar, 2014). Pour conclure, nous constaterons que le corps communauté-territoire-expérience transforme l'identité, les pratiques et les actions sur le territoire. Ce processus conduit à une réflexion profonde sur notre enracinement à la Terre, nous invitant ainsi à méditer sur la valeur de la vie.
Discutant Cédrik Hardy, Cirel Proféor, Université de Lille
15h15 – 16h30 - L’échec des réformes éducatives en Afrique : cas de l’adoption de l’Approche Par Compétence (APC) aux Comores - Mdahoma Youssouf
En Afrique, la question de l’échec scolaire semble devenir un des défis majeurs auxquels sont confrontés beaucoup de pays. Depuis l’avènement des indépendances dans les années 60, les sociétés africaines continuent de souffrir de problèmes à la fois politiques et socio-économiques, qui ébranlent les configurations du système éducatif.
L’école en tant que structure intégrante peine à se relever, à remplir ses missions. Elle se retrouve confrontée à de multiples crises qui affectent durablement la qualité et la nature des enseignements et des rendements scolaires qui y sont produits. Au cours des années 90, à l’issue de la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous qui a eu lieu à Jomtien (Thaïlande, 5-9 mars 1990), un cadre d’action était enclenché dans certain nombre de pays africains pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux. Aux îles Comores, l’une des réformes majeures préconisées pour enrayer la dégradation des services éducatifs fondamentaux concerne l’introduction dans l’enseignement de l’Approche Par Compétence (APC), considérée en Occident comme la meilleure théorie de l’enseignement et des pratiques pédagogiques.
En s’appuyant sur l’expérience biographique et les récits de vie recueillis auprès d’anciens professeurs des écoles aux Comores, cet article met en lumière les résultats mitigés de cette théorie qui a fait l’objet d’un transfert sans toutefois, tenir compte des réalités locales et des enjeux socioéconomiques du pays.
Discutant Frédéric Le Henaff, Cirel Proféor, Université de Lille