Cette journée de réflexion est née d’un désir : celui de créer un espace où artistes, chercheurs, universitaires et citoyens puissent penser ensemble — non pas seulement sur l’art, mais avec l’art, en l’envisageant comme un outil de pensée, de partage et d’action collective.
Mon souhait est de faire exister, au sein même de l’université, un lieu qui nous permette aussi d’en sortir symboliquement : un lieu où l’on puisse construire d’autres espaces à l’intérieur de celui-ci, brouiller les frontières entre pratique artistique et réflexion académique, et interroger la séparation souvent artificielle entre art et intervention sociale.
Je crois profondément qu’il est urgent, aujourd’hui, de désacraliser la pensée, de la rendre à nouveau vivante, collective et sensible. Cette démarche s’inscrit dans une continuité : celle de figures comme Jean-Jacques Lebel, Tania Bruguera ou Marina Abramović, qui ont exploré, chacune à leur manière, les zones d’intersection entre création, engagement et transformation sociale. Leur travail inspire cette tentative modeste de prolonger cette réflexion dans un cadre collectif et ouvert.
Grâce au programme UXIL – Universités en exil, cette journée a pu voir le jour comme une expérience de recherche-création partagée. Dans un monde où penser et agir ensemble devient chaque jour plus difficile, il nous semblait essentiel d’inventer, même à petite échelle, de nouvelles formes de communauté intellectuelle et artistique.
Nous avons réuni des artistes et des penseurs venus d’horizons très différents, mais unis par une même conviction : celle que l’art peut contribuer à éveiller une conscience collective, à interroger le réel et à imaginer d’autres manières d’habiter le monde. Nous aurons ainsi le plaisir d’accueillir :
- des artistes de longue expérience, tels que Jean-Jacques Lebel, témoin et acteur de plus de soixante ans d’engagement artistique et social ;
- des chercheurs et théoriciens comme Patricia Brignone et Makis Solomos, qui interrogent le lien entre création et responsabilité politique ;
- et des artistes plus jeunes, tels que Shareef Sarhan, venu de Palestine, ou Naimeh Ghabaie, d’Iran, dont les pratiques s’enracinent dans les réalités sociales de leurs pays.
Cette journée se veut avant tout un espace de dialogue et d’expérience partagée, où les voix, les gestes et les pensées se croisent, se répondent et s’enrichissent mutuellement. Nous espérons qu’elle permettra non seulement de réfléchir, mais aussi de ressentir, de faire émerger des possibles — et, peut-être, d’esquisser ensemble les contours d’une autre manière de penser, de créer et de vivre ensemble. Omid Hashemi
Programme