Publié le 28 septembre 2022 Mis à jour le 5 octobre 2022

Pour cette première séance des Jeudis du GED 2022-2023, l'Humathèque Condorcet vous propose la présentation de deux ouvrages : "Algérie coloniale : traces, mémoires et transmissions", sous la direction de Giulia Fabbiano et Abderahmen Moumen (Le Cavalier Bleu, 2022), et "Les ratonnades d’Alger, 1956 : une histoire de racisme colonial" de Sylvie Thénault (Seuil, 2022), en présence de Giulia Fabbiano (Aix-Marseille Université), Sylvie Thénault (CNRS) et Emmanuel Blanchard (Université de Versailles-Saint-Quentin, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye).

Date(s)

le 20 octobre 2022

de 18h à 19h30

Jeudi du GED - Algérie coloniale : quelles histoires ? Quelles mémoires ?
Jeudi du GED - Algérie coloniale : quelles histoires ? Quelles mémoires ?

La colonisation et la guerre d’indépendance sont une séquence centrale dans la construction nationale et étatique aussi bien de la France que de l’Algérie. Dans une éclosion révolutionnaire, l’Algérie héroïse le peuple levé comme un seul homme, tandis que la France peine à accueillir ceux qui ont fait l’expérience de l’Algérie coloniale. Au sein des deux sociétés, l’ensemble des acteurs expriment des narrations et des exigences mémorielles plurielles, parfois antagonistes. Chacun prend le fragment dans lequel il se reconnaît, participant de la construction d’une mémoire-puzzle, souvent présentée sur un mode conflictuel, en dehors d’une vision globale de ce que fut l’entreprise coloniale.

Faisant le choix de s’éloigner du registre à la fois passionnel et pathologique, l’ouvrage co-dirigé par Giulia Fabbiano, interdisciplinaire, se détourne des querelles associatives et des instrumentalisations politiques pour s’intéresser à la contemporanéité du passé, sa transmission, ses mouvements, survivances et détournements. Ainsi il interroge la présence du temps de la colonie dans les imaginaires, la vie quotidienne. Les contributions réunies renouvèlent, donc, à la fois l’étude de l’actualité du colonial et celle de ses mémoires dans les sociétés française et algérienne.

Le livre de Sylvie Thénault offre une vision renouvelée des violences de la guerre en les replaçant dans la longue durée. S’appuyant sur de nombreuses archives policières et judiciaires inédites, elle retrace les « ratonnades » commises à Alger le 29 décembre 1956 lors des obsèques d’une figure éminente de l’Algérie française, Amédée Froger. Ancrées dans un espace urbain où les inégalités constituaient une ségrégation subtile mais bien réelle, jusqu’à l’échelle du quartier, de la rue ou de l’immeuble, ces violences se nourrissent du rapport de domination coloniale, nécessaire au maintien de la suprématie de la minorité européenne.

Intervenant.e.s

  • Giulia Fabbiano : anthropologue, maîtresse de conférences à Aix-Marseille Université, spécialiste des problématiques identitaires et mémorielles dans l’espace transnational algérien.
  • Sylvie Thénault : historienne, directrice de recherche au CNRS rattachée au Centre d'histoire sociale des mondes contemporaines (CHS, UMR 8058), spécialiste de la colonisation française en Algérie et de la Guerre d'indépendance algérienne.
  • Emmanuel Blanchard : maître de conférences en science politique de l’Université de Versailles-Saint-Quentin et à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.