Les philosophies de Bruno Latour

Principalement connu comme un des fondateurs de la « théorie de l’acteur-réseau », et à la fin de sa carrière pour ses contributions à l’écologie politique, Bruno Latour (1947-2022) a d’abord été formé en philosophie. Il s’est ensuite tourné vers la théologie et l’exégèse biblique pour son travail de thèse, avant de découvrir les méthodes ethnographiques lors d’un séjour en Côte d’Ivoire, qu’il a appliquées dans son premier ouvrage, La Vie de laboratoire (1979). À partir des années 1980, ses travaux l’ont conduit à proposer une refondation de l’anthropologie aussi bien que de la sociologie : pour la première, en la rapatriant vers les centres névralgiques de la modernité occidentale ; pour la seconde, en intégrant pleinement les sciences, les techniques – et, à travers elles, les « non-humains » – dans l’analyse du social.

Latour n’a cependant jamais considéré son passage de la philosophie aux sciences sociales comme un simple dépassement. Il serait plus correct de dire qu'il a fait passer la philosophie par ces disciplines, si bien qu’il faudrait en définitive parler de détour plutôt que de passage. Alors qu’il a été perçu principalement comme sociologue ou comme anthropologue, la philosophie est demeurée la véritable matrice de son œuvre. La chose est devenue évidente lorsqu’après des décennies de travail, Latour a publié sa contribution la plus systématique à une métaphysique tentant de rendre justice à la richesse de l’expérience des « modernes », c’est-à-dire l’Enquête sur les modes d’existence (2012). En élaborant un pluralisme ontologique, ce magnum opus parachevait enfin ce que Latour appelait une « philosophie empirique », soit une démarche collective placée au cœur même de son projet écologique.

Paradoxalement, les contributions de Bruno Latour à la discipline philosophique sont restées particulièrement méconnues en France, où il a été mieux connu pour ses apports aux Science and Technology Studies, au « tournant ontologique » de l’anthropologie et aux sociologies dites « pragmatiques ». Aussi ce colloque international entend-il contribuer à la mise en lumière de ces aspects proprement philosophiques de l’œuvre de Latour, en faisant droit à la diversité des domaines et des références qu’il a investis.

Comité d'organisation : Valentin Denis (LIER-FYT), Víctor Hermoso (Universitat Oberta de Catalunya), Buenaventura Marco Moreno (Universidad Complutense de Madrid)

Programme

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