Publié le 6 novembre 2025 Mis à jour le 6 novembre 2025

Ce séminaire est organisé par le Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (CHS, Université Paris 1-CNRS).

Date(s)

le 12 novembre 2025

de 15h à 18h
Lieu(x)
Type(s) d'évènements
Ce séminaire interroge l’articulation entre la structuration sociale et la structuration spatiale de l’Europe contemporaine, en plaçant la focale sur les différents espaces de vie des classes populaires. Si l’histoire des inégalités sociales dans les métropoles industrielles est bien connue de l’historiographie, il n’en va pas de même des configurations sociales à l’œuvre dans les autres territoires, depuis les campagnes isolées aux villes moyennes en passant par les gros bourgs ruraux et les banlieues pavillonnaires. Le séminaire vise donc à spatialiser l’histoire des groupes sociaux en décentrant le regard des grandes villes et en faisant dialoguer des historiographies (rurales, périurbaines, urbaines) souvent cloisonnées. Il s’attache aussi au dialogue interdisciplinaire entre sociologie et histoire, afin de redonner une profondeur historique à des sujets tels que le malaise des agriculteurs, le déclassement des régions désindustrialisées ou le vote des territoires ruraux.

Après une première année introductive, le séminaire portera en 2025-2026 sur un concept désormais classique de la sociologie : le « capital d’autochtonie », soit la capacité des habitants d'un territoire à faire valoir leur ancrage local comme une ressource (sociale, économique, etc). Alors que ce terme est très utilisé en sociologie des classes populaires, parfois en le prenant pour acquis, nous souhaitons tester son approche heuristique dans différentes configurations sociales et géographiques. Le capital d’autochtonie a notamment été décrit comme une ressource très masculine, peu mobilisable par les femmes, ou encore comme un capital teinté de nostalgie et à ce titre plus effectif dans les campagnes en déclin que dans celles attractives. En mobilisant le concept en historien, on peut aussi s’interroger sur ses temporalités propres : le capital d’autochtonie est-il pertinent dans le contexte d’exode rural et de forte croissance urbaine de la fin du XIXe siècle, où certains territoires, comme les faubourgs et les premières banlieues, ne sont constitués que de nouveaux venus ? Qu’en est-il des campagnes des années 1960, marquées par la déprise démographique et le vieillissement de la population, où les jeunes partis en ville peuvent présenter plus d’attrait pour leurs pairs que ceux restés vivre de la terre ? Enfin, le séminaire pose la question de la transposition disciplinaire de ce concept. La notion d’interconnaissance par exemple, mieux identifiée par les historiens et fréquente dans les travaux sur la ruralité, interroge aussi les modalités de l’ancrage dans un tissu social local. Elle présente comme originalité d’intégrer une dimension critique : le fait de connaître tout et tout le monde est vecteur d’une forme de contrôle social, de dynamiques d’exclusion et de marginalisation autant que d’intégration. Il s’agira ainsi de tester ce que des concepts venus de l’histoire peuvent apporter en retour au capital d’autochtonie.

Programme

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