Pierre Bourdieu en Algérie (1956-1960)

Pierre Bourdieu (1930- 2002) passe quatre années de sa vie dans l'Algérie coloniale en guerre, entre 1956 et 1960. Jeune agrégé de philosophie, il y effectue son service militaire en tant que rédacteur au Service de l'Information du Gouvernement général de l’Algérie.

Devenu assistant, en 1958, à la faculté des lettres d'Alger, il y enseigne la philosophie et la sociologie. Il s'entoure d'une jeune équipe de sociologues avec laquelle il élabore les enquêtes qui donneront lieu à la publication de Sociologie de l’Algérie (1958) et Le Déracinement, avec A. Sayad (1964).

Cette équipe collecte des données – entretiens, observations, photographies, enquêtes statistiques – qui alimentent la réflexion de Bourdieu sur les pratiques économiques, les usages du corps et de la maison.

Il évoquera la grande "exaltation affective" dans laquelle sont menées ces enquêtes, et aussi la parenté de destins qu'il décèle entre son propre parcours de jeune Béarnais promu par l'école républicaine et celui des paysans "déracinés" dont la guerre a détruit les villages.

L'Algérie est traitée comme le creuset où l'intellectuel forge son caractère scientifique et elle apparaît surtout comme la matrice d'où sortirent, plus qu'un homme, des concepts.
Les documents présentés proviennent de fonds d’archives [Bourdieu, Bibliothèque Bourdieu, Centre de sociologie européenne (CSE)] et des collections conservées à l’Humathèque Condorcet.