Publié le 22 janvier 2024 Mis à jour le 22 janvier 2024

Cette journée d'études est organisée dans le cadre de l'ANR Interruptions.

Date(s)

du 24 janvier 2024 au 26 janvier 2024

Lieu(x)

Bâtiment de recherche Nord, Humathèque Condorcet

10 (auditorium) et 14 (salle 0.010) cours des Humanités

Langues de l’évènement : français - espagnol- anglais
Format hybride : pour obtenir le lien pour la visioconférence, contacter :kyra.grieco (at) ehess.fr - alberto.preci (at) cnrs.fr - diego.ortuzar.r (at) gmail.com

Les territoires extractifs se construisent d’abord comme un système de routes, de ponts ou de ports devant assurer l’extraction des matières premières et leur approvisionnement en intrants (machines, combustibles, travailleurs, etc.). Les routes sont ainsi au centre du dispositif, tant à l’échelle globale qu’à l’échelle locale, où elles modifient en profondeur les paysages humains et non humains.

Ces journées d’études proposent d’étudier ces territoires et leurs infrastructures partant du point de vue des interruptions. Contrairement à l’image dominante d’une fluidification inexorable des échanges, celles- ci rappellent la rugosité matérielle et sociale des territoires impliqués. Ce n’est que dans l’imagination des planificateurs que ces routes connectent linéairement et sans empêchements les différents points du territoire: en réalité, elles sont interrompues en permanence, de façon systématique et non exceptionnelle, par différents aléas naturels, animaux ou sociaux qui animent une dialectique quotidienne, inhérente au fait routier. La route et son interruption apparaissent ainsi comme deux versants d’une même réalité (la route est déjà, originairement, ce qui peut être interrompu).

Ces interruptions donnent à voir ces territoires autrement: c’est dans l’interruption qu’apparaissent des acteurs, des forces et des territorialités autrement submergés; c’est l’interruption qui rend soudainement et socialement visible ce que la route ou le duct transportent; c’est dans l’interruption qu’apparaît une autre territorialité, faite de chemins anciens et contournements locaux; c’est dans le temps paradoxale de l’interruption que d’autres sociabilités et d’autre quotidiens (d’autres langues, d’autres nourritures, d’autres vêtements, etc.) s’infiltrent dans la routine standardisée des ouvriers, des chauffeurs et des passagers; enfin, les matérialités de l’interruption (pneus, branches, pierres, chaînes, feu, etc.) permettent une archéologie contemporaine des réalités et des différentiels techniques locaux.

Organisateurs :
Kyra Grieco (Mondes Américains, EHESS), Alberto Preci (CREDA, CNRS), Diego Ortúzar (PRODIG, CNRS), Pierre Gautreau (PRODIG, Université Paris 1) et Nicolas Richard (IFEA, CNRS)