Publié le 21 mai 2025 Mis à jour le 21 mai 2025

Cet atelier est organisé par l'UMR Sorbonne, Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe (Sirice, CNRS-Université Paris 1).

Date(s)

le 4 juin 2025

de 14h à 18h
Lieu(x)
Type(s) d'évènements
Ce deuxième atelier "Islam - Migrations - Genre" réunira historien·ne·s et chercheuses en sciences de l’information et de la communication pour questionner le traitement différencié des violences conjugales et sexuelles des musulmans en France dans la longue durée. Nous aurons le plaisir d’accueillir Jocelyne Dakhlia (EHESS), Marion Dalibert (Université de Lille) et Giuseppina Sapio (Paris 8).

Les stéréotypes sur les hommes musulmans violents sont omniprésents dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui. Par exemple, on entend souvent dire que la femme d’un musulman « n’est pas sa compagne, mais sa propriété » et que le « viol conjugal » est très répandu dans le monde musulman. Ces citations, aussi contemporaines qu’elles puissent paraître, datent de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Le missionnaire catholique allemand Amandus Acker, le médecin légiste français Adolphe Kocher et la féministe française Hubertine Auclert ont décrit en ces termes sinistres le statut des femmes dans les mariages musulmans.

C’est ce que l’on appelle aujourd’hui « l’othering » des violences conjugales et intrafamiliales, c’est-à-dire le traitement différencié de ces violences en fonction des origines ethniques, religieuses et de classe sociale de l’auteur. Ce phénomène a suscité l’intérêt de nombreux sociologues et anthropologues qui ont démontré combien les différences de perceptions relèvent d’un caractère systémique dans les sociétés occidentales : « when violence occurs in some communities, culture is blamed ; in others, only the individuals involved are accused or faulted » (Lila Abu-Lughod, Do Muslim Women Need Saving?). Cet « othering » ne conditionne pas seulement les représentations et le traitement par les médias, mais aussi les pratiques dont les réactions juridiques et médicales face aux violences de genre perpétrées par des hommes musulmans.

Alors que cette distinction repose sur des stéréotypes hérités de l’histoire coloniale autour de l’orientalisation de la sexualité et de la virilité « indigènes », aucune étude historique n’a, jusqu’ici, tenté d’analyser les origines de ce phénomène et de retracer les continuités jusqu’à la deuxième moitié du 20e siècle.

C’est l’objectif du projet de recherche « Othering Domestic Violence : French and German Encounters with Islam, 19th and 20th centuries » (ODOVE), dans le cadre duquel s’inscrit ce deuxième atelier « Islam – Migrations – Genre ». Il réunira historien·ne·s et chercheuses en sciences de l’information et de la communication pour questionner le traitement différencié des violences conjugales et sexuelles des musulmans en France dans la longue durée.

Atelier organisé avec le soutien de l’UMR SIRICE.

Programme

14h-15h45
  • Peter Hallama (Paris 1 Panthéon-Sorbonne): Surveiller les musulmans – endiguer les violences domestiques. Présentation du projet “Othering Domestic Violence”
  • Jocelyne Dakhlia (EHESS) : Du despote oriental à l’Arabe violeur : le fil de l’évidence.   
16h15-18h
  • Marion Dalibert (Université de Lille): La racialisation des coupables de violences sexistes et sexuelles dans la médiatisation du féminisme
  • Giuseppina Sapio (Paris 8): Morte parce que fille (de cité). La couverture médiatique du féminicide de Sohane Benziane