Publié le 1 septembre 2015 Mis à jour le 27 septembre 2019

En dématérialisant l’information, l’usage des technologies numériques et l’extension de la « toile » et des réseaux sociaux rendent manifeste le fait que notre expérience du monde ne se limite pas aux êtres et aux objets sensibles, mais qu’elle fait une part au moins aussi grande au virtuel, c’est-à-dire étymologiquement à ce qui est en puissance.

Les fantasmes que fait naître la publicité, les promesses de « lendemains qui chantent », l’ivresse des « paradis artificiels », les « avatars » des jeux-vidéos, comme ailleurs les voyages en esprit des chamans sibériens, les utopies, les mythes ou même la folie, flattent le désir d’évasion, mais exposent aussi au risque d’addiction et à la perte du « sens des réalités », sinon à l’imposture et aux « théories du complot ». Aux confins de la perception et de l’imagination, les mondes virtuels exaltent la puissance créatrice de l’esprit (parfois - comme dans l’univers carcéral - en proportion inverse des contraintes du monde réel), tout en représentant une menace potentielle pour la raison, la capacité de jugement et la liberté individuelle.

Après « La mesure du temps », « L’image en danger », « Pourquoi manger ? », « Filles et garçons : le genre fait-il la différence ? », les Conférences Campus Condorcet montreront cette année encore comment les savoirs critiques mobilisés par les sciences de l’homme et de la société invitent à une intelligence plus juste et meilleure du monde.


Jean-Claude Schmitt 
Président du conseil scientifique du Campus Condorcet,
Historien, Directeur d’études à l’EHESS

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